{Juved Waterhouse}

I Identité

Nom_ Waterhouse.

Prénom_ Juved.

Age_ 18 ans.

Nationalité_ Américaine.

II Physique

Description_ Les origines ethniques des américains sont multiples, il serait de ce fait stupide de tenter de faire le moindre pronostic concernant Juved. Seuls les plus intimes de ses amis savent que la jeune femme possède en réalité des origines à moitié maghrébines, synonymes de suspicions diverses, depuis quelques années maintenant. Intensément brune, elle n’est pas sujette aux fastes de l’apparence physique et n’entretient donc pas sa chevelure, ce que la plupart de ses connaissances ont tendance à lui reprocher. Peu lui importe. Ses yeux, quant à eux, sont à l’image de son teint. Pâles, à la limite du maladif. D’un gris profond, ils n’ont de cesse de scruter le paysage qu’il est donné à leur propriétaire de contempler. De véritables outils d’expressivité, en clair, qui compensent l’évidente désinvolture du corps de Juved. En effet, la jeune femme ne juge pas utile d’en prendre soin, et le laisse tel qu’il est, sans aucune considération pour sa réputation au sein de l’université. Ainsi, c’est d’une minceur frisant l’anorexie qu’est qualifiable son corps, qui n’a rien à voir avec les formes pulpeuses des jeunes filles de bonne famille. Juved ose reprocher à son entourage de se fixer uniquement sur des fantasmes, par définition irréels, et vit de ce fait dans la plus complète contestation, ce qui explique en grande partie la condition de son corps.

Question Vestimentaire_ A l’image de son corps, les vêtements que porte Juved n’ont rien d’aguicheur, extravagant. La plupart des jeunes filles souffrant d’anorexie ont pour habitude de s’affubler de vêtements amples, destinés à cacher leur manque de formes. Pourtant, Juved est une fois de plus à contre-courant de la pensée universelle, et arbore des tenues tout à fait classiques. Adepte du noir, elle ne peut néanmoins pas être considérée comme typée « goth », aux vues de l’aspect courant de ses vêtements. Chemises serrées, jeans troués, baskets basiques, elle évite délibérément tout accessoire, tel les colliers, bracelets, boucles d’oreilles, et autres colifichets. Une puriste, sans aucun état d’âme. Cet aspect délaissé, qu’elle tend de plus en plus à arborer, peut être considéré comme faisant partie de son idéologie de vie, qui n’est en rien explicable par son origine ethnique. En effet, l’argent ne manque pas chez les Waterhouse, et les cadeaux que ses proches lui offert, par espoir de la voir se féminiser un brin, ont tout simplement été donnés à qui les désirerait. Oui, Juved doit réellement être considérée comme un cas social, au seing de l’université. C’est un sort qu’elle accepte sans s’en formaliser, et il ne serait pas impossible de la voir accentuer cette « originalité », par la dégradation voulue de ses propres vêtements.

Signes Particuliers_ En regardant attentivement notre intéressée, il est possible d’apercevoir des cernes plus marquées que de coutume, sous ses yeux, ainsi que de multiples marques de piqûres sur ses bras. Reflet d’une décadence ? Evidemment.

III Mental

Description_ Le propre des désespérés est de prôner qu’ils ne le sont pas. C’est ainsi qu’il est possible de résumer la personnalité de Juved. Née dans un environnement prompt à développer son orgueil, la jeune femme n’a jamais eu à demander le soutien de qui que ce soit, pour parvenir à ses fins. Devenue autonome il y a bien longtemps déjà, c’est elle qui a incarné l’aide, la stabilité, pour la plupart de ses connaissances actuelles. Pour autant, il serait stupide de la voir comme un individu inébranlable, emplit de sagesse et d’expérience. 18 ans ne suffisent pas pour cela. De ce fait, tout n’est que surface, paraître destiné à lui faire garder le cap de la raison. Car Juved est un être extrêmement instable psychiquement, capable du meilleur comme du pire. Insomniaque, et totalement dépendante des substitut que la nature a bien voulu fournir à l’humanité, elle passe son temps en marge de cette société qui n’a, à l’évidence, pas voulu la connaître. Il serait intéressant de se demander si ce n’est pas elle qui s’est déconnectée du monde, mais la question n’est pas là. Toujours est il que les apparences s’avèrent une fois de plus trompeuses, et il se peut que le look démodé que la jeune femme entretient n’existe que dans le but de se faire remarquer, de tenter vainement d’attirer le regard d’autrui. Evidemment, nul ne fera cracher le morceau à Juved. Il semble même qu’elle ne l’ait pas réalisé elle même, tant cet état de fait prend sa source au fin fond de son esprit. Son quotidien reste donc marqué par le jeu d’actrice, toujours fourrée dans les coups foireux, et d’une asociabilité accablante. Sarcasmes, ironie, manque total de tolérance, font partie de son talent oratoire, que certains apprécient malgré tout. Schizophrénie, mais terrible besoin informulé d’en sortir. Encore une personnalité débridée, en ce monde.

IV Histoire

29 janvier 2008. Aujourd’hui, une psychologue va faire son office, répandant ses « bons soins » aux nécessiteux de ce monde. Face à elle, la première cliente. Une jeune femme, aux faux airs de chien battu. Une aristocrate, oui, dont la mère a absolument voulu qu’on fasse une analyse psychologique. Apparemment, le rejeton n’est pas très convaincu de l’utilité de la séance. Les secondes passent, égales à elles mêmes, puis la demoiselle se résout à se coucher sur le lit. Waterhouse, Juved. La matinée sera courte.

« Peut être serait il temps de passer à la séance, mademoiselle ? »

« Puisque vous semblez si pressée, commençons. »

« Bien, je vais vous demander tout simplement de me faire un bref synopsis de votre jeune vie. »

« Rien que ça…

Je suis née au Texas, en 1990. Jusque là, rien d’étrange. Fille d’un aristocrate américain et d’une ancienne serveuse marocaine, issue de l’émigration clandestine. Je ne sais pas si ma mère a aimé mon père, ou si l’appât du gain l’a poussée à le séduire. Toujours est il que je suis là, héritière d’une haute lignée, dont je n’ai rien à foutre. Dès mon plus jeune âge, j’ai été confiée à une nourrisse, qui m’a plus considérée comme l’outil de son salaire que comme un enfant tout juste venu au monde. Mais ça, c’est un détail, j’étais trop jeune pour en souffrir. Prestige oblige, on m’a coincée dans une école privée, catholique de surcroît, dès que j’ai atteint 2 ans d’âge. Cravates, costumes distingués, toilette recherchée, j’avais vraiment l’air d’un pantin. Et c’était vrai, j’étais le pantin de ma mère. Sa poupée, dont elle pouvait faire ce qu’elle voulait, vu que mon père attendait vainement la naissance d’un héritier masculin. J’étais le prologue à l’histoire des Waterhouse. Ce nom, d’ailleurs. Débile, quand on y pense. Je ne préfère pas imaginer son origine. Au moins, j’étais au bout de l’alphabet, pas de prestige enfantin de début de liste. Ca a dû m’aider, puisque je me suis fait des amis. Mais pas des bourgeois, attention. Ouais, je traînais avec les gamins du prolétariat, juste assez riches pour pouvoir intégrer mon école. Ca ne plaisait pas. On m’a changée de classe. Mais qu’est-ce que vous vouliez que ça me fasse ?

Ca, c’est ma scolarité de gamine. J’ai pris un autre tournant lorsqu’il a fallut passer au lycée. Encore un privé, forcément. Je pouvais pas supporter les bourgeois, orgueilleux et hautains. Pourtant, j’étais comme eux, à la base. Je dois en avoir des restes, peut être. On a dit de moi que j’étais irascible et totalement imbue de ma personne. Ce n’est pas ce que disaient mes amis. J’étais juste immunisée contre l’aristocratie, d’après eux. Forcément, mes parents l’ont su. Mon père, lui, s’en foutait carrément, il avait eu son fils. Ma mère, elle, sentait que les dés lui échappaient. Je n’étais plus sa poupée, et pour bien enfoncer le clou, j’ai commencé à faire la conne. C’était une simple contestation. J’ai connu les Pubs, et tout ce que ça implique. J’avais l’argent pour payer, et j’étais là pour ramasser les pauvres crétins qui mettaient leur vie en l’air. Je suis vite devenue populaire, parce que j’étais l’extra-terrestre, et qu’apparemment j’avais un bon sens de la rhétorique. Mais à 16 ans, on ne sait pas. On ne voit pas la duperie chez les gens. Je me suis faite avoir par le système. A l’usure, je suis devenue addict, totalement dépassée par ce qui m’arrivait. Mais j’ai toujours continué mes études. C’était le prix à payer pour ne pas être emmerdée.

Et maintenant ? Je pense avoir touché le fond. Je ne peux que remonter, c’est ce que les gens de votre espèce me diraient sans arrêt. Mais est-ce que j’ai envie de remonter ? Elle est là la question fondamentale. On m’a traînée sur votre lit, soit disant parce que souffrance d’une pathologie psychologique. Mais je suis bien, hyper bien. Ma vie, c’est celle de milliers de personnes de par le monde. Mais parce que je m’appelle Waterhouse, on ne tolère pas. Je ne serai jamais tranquille. Vous ne pouvez rien pour moi, parce que je ne veux pas de votre aide. Ni de celle d’autrui. Je tiens à vivre cette vie, parce que c’est la seule que j’aurai jamais, et surtout, surtout, à dépasser les concepts de classes sociales. C’est pour cette raison que je fais si peur, et que vous allez être bien payée dans quelques minutes. Maintenant, faites votre compte rendu, mais n’allez pas penser que vous allez changer la face du monde. »

C’est ainsi que, quelques minutes plus tard, Juved Waterhouse émerge du cabinet médical. La séance de torture est passée, il n’y a plus qu’à savourer la suite de cette journée, la rendre un brin plus agréable que ce que les débuts laissaient paraître. Il pleut. Au loin, un arrêt de bus, désert mais fort heureusement couvert. Une cigarette est allumée négligemment, et notre intéressée fonce dans la brume de ce matin, comme il y en a tant d’autres en ce monde.

V En Plus

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VI Photos





rust2d.